Archives des chroniques du ciel et de l'espace du mois d'octobre 2013
La chronique du samedi 26 octobre 2013 | |
Le Soleil, ami ou ennemi ? |
Bonjour à tous.
Voici encore quelques années, le bronzage estival était très à la mode. Au cours des années 60 et 70, il n'était pas question de revenir de vacances sans un teint hâlé, signe que les vacances avaient été ensoleillées et que l'on avait « les moyens de partir loin au soleil ». Certes le bronzage n'est pas vraiment passé de mode au début du XXIème siècle, mais le principe même de l'exposition prolongée de la peau au Soleil commence à être remis en question.
Il faut dire que la peau bronzée n'a pas toujours été un signe de farniente ni une preuve de niveau de vie élevé.
Chez les romains de l'antiquité, les personnes à la peau brunie par le Soleil étaient avant tout des paysans ou des esclaves qui passent toute la journée à trimer sous un soleil de plomb. Les riches romaines mettaient un point d'honneur à afficher une peau parfaitement blanche qu'elles blanchissaient encore davantage en se maquillant. C'était encore vrai sous la royauté et s'exposer au soleil sans ombrelle était un non-sens. Il ne fallait à aucun prix être considéré comme l'un de ces manants qui travaillent en plein air pour nourrir la France...
Mais les médecins se sont rapidement aperçus que le manque de contact de la peau avec le soleil pouvait parfois avoir des effets redoutables. Le plus visible était une maladie que l'on appelle le rachitisme. Les os des enfants rachitiques ne se développent pas de manière correcte. La conséquence étant un squelette fragile et une croissance perturbée. Dans certains pays nordiques où le soleil est avare de ses rayons, les personnes sont également davantage sujets aux dépressions nerveuses et à la déprime que chez nous. Songez qu'à Noël, à Reyjkavik, capitale de l'Islande, le soleil ne se montre que pendant deux petites heures chaque jour... lorsqu'il ne neige pas. On a également accusé les maisons où le soleil ne pénètre jamais de provoquer la tuberculose chez ses occupants. Un proverbe disait d'ailleurs vers 1900 : « Là où le soleil entre, le médecin n'entre pas ».
De nos jours, le rachitisme n'existe pratiquement plus en Europe, car on a découvert qu'il suffit d'ajouter quelques milligrammes de vitamine D au lait du biberon des bébés pour prévenir le problème.
C'est inutile en été car l'exposition de la peau au rayonnement solaire provoque la production naturelle de vitamine D par l'organisme. Et lorsque l'on sait que la vitamine D permet la calcification normale des os des enfants, tout s'explique.
Donc, s'exposer longtemps au soleil est bénéfique pour la santé, pourrait-on dire ? Pour les os et pour la tête.
La conclusion est un peu hâtive !
En effet, si l'exposition aux rayons du soleil à petite dose peut avoir des effets bénéfiques, s'exposer pendant des journées entières au soleil brûlant des plages méditerranéennes peut avoir des conséquences redoutables.
Les dermatologues le savent bien, eux qui détectent tous les jours des mélanomes, des cancers de la peau, à des stades plus ou moins avancés, chez les adaptes du bronzage, les agriculteurs ou les ouvriers du bâtiment.
Le grand public ignore souvent qu'au cœur de la bienfaisante lumière solaire se cache un ennemi sournois : les rayons ultra-violets, A, B et C. Les ultra-violets C sont filtrés par l'atmosphère terrestre et ne parviennent jamais à notre peau, et heureusement. En revanche, les ultra-violets A et B, ceux qui font bronzer, sont présents dès qu'il y a du soleil.
L'oeil n'y est pas sensible et pourtant la peau qui les reçoit, elle, y réagit. Le bronzage n'est jamais que le moyen de défense adopté par la peau pour s'en protégér, preuve que le danger existe. Et lors d'expositions prolongées et répétées aux ultra-violets solaires, il peut se former un jour un mélanome, un cancer de la peau, qui dans la plupart des cas dégénère rapidement. Le mélanome est le cancer le plus difficile à guérir. Les coupables sont les ultra-violets B d'origine solaire, on le sait depuis longtemps mais on soupçonne depuis quelque temps les UV A, ceux-là mêmes qui sont employés dans les cabines de bronzage, d'induire également des mélanomes à plus long terme.
En bref, le soleil, ce n'est pas ce qu'il y a de mieux pour la santé... si l'on en abuse.
Maintenant, tout dépend de votre phototype : roux à la peau blanche ou peau noire... vous serez plus ou moins exposés aux risques présentés par les UV. En tout cas, on ne répètera jamais suffisamment le conseil suivant : éviter de s'exposer sur la plage entre 14 heures et 16 heures, soit entre midi et 14 heures en temps universel, ce qui correspond aux heures où les UV sont déversés sans mesure par le soleil très haut dans le ciel.
Sachez aussi qu'en moyenne, les quantités de crème solaire utilisées sont bien trop faibles pour être efficaces. Ce qui s'explique en partie par leur prix...
Pour terminer, nous ne remercierons jamais assez l'atmosphère terrestre. Elle nous protège de la plupart des méfaits du rayonnement solaire et joue en quelque sorte le rôle d'une gigantesque paire de lunettes de soleil située au-dessus de nos têtes, grâce notamment à la fameuse couche d'ozone protectrice située vers 15 km d'altitude.
Car si l'atmosphère n'était pas là, ou si elle avait une composition différente, nous serions percutés de plein fouet par les rayonnements X, gamma émis par le soleil, les mêmes que ceux qui sont produits lors d'une explosion atomique. Car rappelons-le, la source d'energie du soleil n'est jamais qu'une explosion thermonucléaire permanente qui dure depuis 5 milliards d'années.
C'est pour cette raison qu'il est peu probable de découvrir un jour de la vie à la surface de la planète Mars, bombardée par des rayonnement cosmiques de toutes sortes à cause de son atmosphère extrêmement ténue.
Profitez bien des derniers rayons de soleil de l'automne et à samedi prochain.
--> Pour en savoir plus sur les phototypes :
http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/soleil/articles/12378-indice-protection
-solaire.htm
La chronique du samedi 19 octobre 2013 | |
Question de Lune ! |
Bonjour à tous.
Aujourd'hui, pour démarrer, un petit test, rien que pour voir.
Voici la question :
Un astronaute est sur la Lune, équipé de son scaphandre. Il saisit sur le sol une roche lunaire et la soulève, puis la lâche.
Que va-t-il se passer ?

Lune un peu avant le premier quartier.
Paramètres de prise de vue :
Appareil réflex Canon EOS400 D / Téléscope Perl Vixen 200 mm pose 1:30 s
Je vous conseille de vous retourner, de quitter votre écran des yeux pendant quelques secondes et de réfléchir un instant.

Puis vous lirez la suite ...
Alors, quel est le fruit de vos réflexions ?
Nous avons testé et les personnes questionnées, la plupart du temps peu au courant des phénomènes physiques, fournissent en général deux types de réponses :
--> La plus fréquente est la suivante : "Nous sommes sur la Lune, ce n'est pas pareil que sur la Terre, il n'y pas d'air et le caillou flotte "en l'air", il ne tombe pas."
--> La seconde est : "C'est comme sur la Terre, ça va tomber aussi vite. Sûr, ça va tomber."
Alors, qui a bon ?
Eh bien, aucun des deux n'a totalement raison !!!
Arrêtons-là le suspense, et disons tout de suite qu'à la surface de la Lune, les astronautes marchent à la surface d'une petite planète. La taille ne change rien à l'affaire, la Lune n'est jamais qu'un globe rocheux tout à fait comparable à la Terre.
Un objet lâché à 1 mètre du sol, ou à n'importe quelle altitude va donc fatalement retomber à sa surface sous l'action de la pesanteur.
Les personnes qui imaginent que l'objet va "flotter" sans retomber sur le sol lunaire entretiennent certainement une confusion assez courante : la lune ne possède pas d'atmosphère et les astronautes qui ont marché sur la Lune étaient environnés par le vide le plus parfait, ou presque...
Ils étaient donc en quelque sorte "dans l'espace". Et comme dès que l'on parle d'espace, on pense immédiatement à ce qui se passe dans les vaisseaux spatiaux en orbite autour de la Terre, l'erreur est compréhensible.
Effectivement, lorsqu'un objet est abandonné à lui même dans la Station Spatiale internationale en orbite autour de la Terre, il dérive lentement dans l'habitacle jusqu'à ce qu'il rencontre un obstacle ou une main qui l'agrippe. L'image est connue.
Mais alors, direz-vous, le second groupe de personnes, qui affirment que le caillou va chuter... Ces personnes là sont dans le vrai ?
Bien entendu, mais en partie seulement lorsqu'elles affirment que la chute sera aussi rapide que sur Terre.
Car la Lune est un astre de petite taille : son volume n'est que de moins de 2% celui de la Terre. La pesanteur à sa surface est donc bien plus faible que sur Terre, l'accélération de la pesanteur, le fameux "g", n'est sur la lune de 1,6 m/s2, alors qu'il est sur Terre égal en moyenne à 9,81 m/s2. Les objets sont donc sur la Lune environ 6 fois plus légers que sur Terre et la vitesse de leur chute est donc bien plus faible. Un objet, sur la Lune, tombe en quelque sorte au ralenti.
Mais attention, il ne faut pas confondre poids et masse.
Un kilo de sucre sur la Lune, ce sera toujours 1 kg de matière blanche et cristallisée.
En revanche son poids, c'est à dire la mesure de la force de pesanteur qui l'oblige à tomber vers le centre de la lune, suivant une verticale, ce poids sera bel et bien divisé par 6 environ.
Il faut toujours apporter des arguments de poids aux propos que l'on avance !
Bonne semaine à tous et à samedi prochain.
La chronique du samedi 12 octobre 2013 | |
La couleur des étoiles (2ème partie) |
Bonjour à tous.
Ainsi donc les étoiles possèdent des couleurs... Tiens donc !
Mais attention, il n'est possible de distinguer à l'oeil nu que la couleur des astres les plus brillants du ciel, les étoiles que l'on appelait par le passé les étoiles de première grandeur. Question de luminosité. La couleur d'un objet n'étant perceptible que s'il émet suffisamment de lumière.
Mais si toutes les couleurs existent dans l'environnement terrestre, on ne les retrouve pas toutes dans le ciel. La gamme de teintes est même très limitée dans le monde des étoiles.
Pour faire simple, la surface d'une étoiile ne peut être que blanche, bleue (très clair), jaune (plus ou moins vif), orange, rouge (plus ou moins sombre). Rouge qui peut apparaitre dans certains cas comme tirant sur le grenat. Dans certains cas d'étoiles doubles, étoiles vivant en couple en quelque sorte, le bleu peut sembler tirer sur le vert ou le mauve par un subtil effet de couleurs complémentaires dû à la couleur de l'étoile "compagne". Et c'est tout. Et c'est déjà très beau au télescope ou même à l'oeil nu.
Mais quelle est donc l'origine de la couleur des étoiles ?
Rappelons tout d'abord que la couleur des objets qui nous entoure est avant tout une question d'atomes et de molécules. C'est la composition chimique des objets qui explique leur couleur, chaque corps chimique émettant une lumière particulière.
Pour les étoiles, le phénomène est tout à fait différent. Ce n'est qu'une question de température.
Pour expliquer de manière simple le phénomène, rappelons ce qui se passe lorsque l'on chauffe un morceau de métal, à l'aide d'un chalumeau ou dans l'atelier du forgeron...
Tout d'abord, on ne voit rien : le métal qui commence à chauffer conserve sa couleur, gris pour le fer par exemple. En revanche, il devient bientôt impossible d'en approcher la main. Il émet des rayonnements infrarouges, de la chaleur si vous préférez. Mais l'oeil est incapable de capter les rayons infrarouges qui sont bel et bien déjà de la lumière.
Puis si l'on continue à chauffer (un fer à cheval par exemple), le fer qui était gris jusque là prend soudain une teinte rouge très sombre, puis rouge brillant et enfin orange. A ce stade, le forgeron peut le travailler et lui donner la forme voulue.
Dans l'atelier du forgeron, cela s'arrête là. Car le charbon de l'atelier ne permet pas faire monter davantage la température.
Mais un haut-fourneau par exemple, la couleur continue à évoluer. Elle passe de l'orange au jaune éclatant puis si l'on continue, au blanc. On parle d'ailleurs de métal "chauffé à blanc".
Vous l'avez sans doute compris, l'expérience du fer chauffé à blanc explique l'existence de toute la gamme de couleurs des étoiles.
Les plus froides (les moins chaudes devrait-on dire) sont rouges, les plus chaudes blanches et les jaunes ont une température "moyenne", comme notre Soleil.
Quant aux étoiles franchement bleues, leur température est encore plus élevée. Leur couleur rappelle quelque peu celle d'un arc électrique ou d'un éclair, dont la température est très élevée.
Quelle peut-être la température d'une étoile ?
--> Le diagramme suivant en donne une idée de la gamme de températures des étoiles :

Les températures sont exprimées en K (Kelvins). Rappelons que 0°C = 273 K
La température de surface de notre Soleil est par exemple proche de 5780 K.
Les températures indiquées sont approximatives, tant il existe de nuances de couleurs.
Il faut signaler pour compléter le tableau qu'il existe des températures stellaires de surface encore plus élevées qui peuvent aller jusqu'à plus de 100 000 K. L'étoile émet alors une bonne partie de sa lumière dans l'ultraviolet, au-delà du violet de l'arc en ciel. C'est le cas des étoiles dites WR (Wolf-Rayet). Mais ce sont des astres extrêmement rares qui ont une durée de vie très réduite à l'échelle de l'univers.
Ces couleurs, vous aurez peut-être l'occasion de les admirer si un jour vous avez l'occasion d'observer le ciel étoilé au télescope ou même aux jumelles. Car un instrument capte bien plus de lumière que l'oeil humain. Il fait ainsi apparaître beaucoup plus d'étoiles sous leur aspect coloré.
Bonne semaine à tous et à samedi prochain.
La chronique du dimanche 06 octobre 2013 |
La couleur des étoiles (1ère partie) |
Bonjour à tous.
Aujourd'hui, la couleur des étoiles.
Non, la chronique d'aujourd'hui n'est pas une plaisanterie.
Car enfin, direz-vous, il suffit de jeter un petit coup d'oeil au ciel étolié, toutes les étoiles sont blanches.
Pour faire simple, le ciel étoilé est en noir et blanc...
Eh bien non, justement, un petit coup d'oeil attentif au ciel et entre autres aux étoiles les plus brilllantes du ciel prouve le contraire : les étoiles possèdent bel et bien des couleurs... Discrètes, mais elles existent bel et bien.
Pourquoi alors ne les distingue-t-on pas de manière évidente ?
La faute en revient à l'oeil qui dans la plupart des cas est un instrument d'optique très perfectionné mais qui est en revanche tout à fait inadapté à la vision nocturne.
Car l'oeil ne voit pas de la même manière la nuit et le jour !
L'oeil est un instrument très complexe dont la rétine fonctionne un peu à la manière des capteurs d'appareils photo numériques. Les cellules de la rétine de notre oeil sont spécialisées : certaines le sont dans la vision des couleurs. Ce sont les cônes dont il existe trois sortes. Ceux qui sensibles au bleu, ceux qui captent le rouge et ceux qui ne voient que le vert. L'oeil voit donc en trichromie. Cette vision en couleurs est complétée par une vision en noir et blanc : une dernière catégorie de cellules, les bâtonnets, ne peut capter que la luminosité mais pas les couleurs..
L'image 'noir et blanc' et l'image en trois couleurs primaires se superposent et cela nous permet de voir de splendides images en couleurs, toutes en nuances. L'oeil humain est capable de différencier plus de dix millions de nuances différentes !
Hélas, ce beau tableau se gâte lorsque la luminosité diminue la nuit et la vision des cônes se dégrade alors : dès qu'un objet est trop faiblement lumineux, comme une étoile un peu trop discrète, l'oeil la voit blanche, les cônes chargés de capter les couleurs sont alors inopérants. D'où le proverbe bien connu : La nuit, tous les chats sont gris.
Et c'est bien dommage, car les étoiles sont bel et bien colorées !
Pour ne donner que quelques exemples : la belle Véga, située au-dessus de nos têtes l'été est bleue, Antarès, l'étoile principale du Scorpion est rouge et Capella, ou alpha du Cocher est jaune, tout comme notre Soleil. Quant à Altaïr de la constellation de l'Aigle, elle est tout simplement blanche.
Pour s'en rendre compte, il suffit d'observer les étoiles en question en utilisant une astuce que l'on appelle la vision décalée : il faut d'observer une étoile en la plaçant non pas au centre de son champ de vision mais "en visant" un peu à coté. En effet, la zone de la rétine la plus sensible à la lumière n'est pas située en son centre, mais autour.
La vision décalée permet également, lorsque l'on oberve au télescope de distinguer des astres de très faible éclat.
Comment interpréter cette différence de couleur ?
La réponse la semaine prochaine !
Bon début d'automne à tous et à samedi prochain.