Centrale nucléaire
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Une centrale nucléaire est un site industriel qui utilise la fission de noyaux atomiques pour produire de la chaleur, qui produira de la vapeur d'eau, laquelle entrainera la rotation d'un générateur producteur à son tour d' électricité. C'est la principale mise en œuvre de l'énergie nucléaire dans le domaine civil.
Une centrale nucléaire est constituée d'un ou plusieurs réacteurs nucléaires dont la puissance électrique varie de quelques mégawatts à environ 1 500 mégawatts (pour les réacteurs actuellement en service).
En 2011, 429 réacteurs fonctionnent dans 31 pays différents dans le monde, dont 58 réacteurs en France, soit un total de 364 gigawatts produisant environ 11 % de l'électricité mondiale (voir la liste de réacteurs nucléaires).
À la suite de l'accident nucléaire de Fukushima en 2011, un certain nombre de pays ont revu leur politique de développement de l'énergie nucléaire. Par exemple, la Chine a décidé de geler les nouvelles autorisations de centrales nucléaires. l'Allemagne (en continuant d'acheter à ses voisins européens) a annoncé sa décision de fermer toutes ses centrales nucléaires avant fin 2022, l'Italie a stoppé ses projets nucléaires, la Suisse ne renouvellera pas ses centrales7, le Québec a fermé son unique centrale fin 2012, le Japon sortira du nucléaire en 2030, etc.
Description
Une centrale nucléaire est équipée d'un ou plusieurs réacteurs nucléaires. Un réacteur nucléaire peut appartenir à diverses filières :

Une centrale nucléaire regroupe l'ensemble des installations permettant la production d'électricité sur un site donné. Elle comprend fréquemment plusieurs tranches, identiques ou non ; chaque tranche correspond à un groupe d'installations conçues pour fournir une puissance électrique donnée (par exemple 990 MWe, 1 300 MWe ou 1 450 MWe). En France, une tranche comprend généralement :
- --> le bâtiment réacteur, généralement double enceinte étanche qui contient le réacteur nucléaire, le pressuriseur qui a pour fonction de maintenir l'eau (traitée) du circuit primaire à l'état liquide, les générateurs de vapeur (trois ou quatre selon la génération), le groupe motopompe primaire servant à faire circuler le fluide caloporteur (eau), le circuit d'eau primaire, dont le rôle principal est d'assurer le transfert thermique entre le cœur du réacteur et les générateurs de vapeur, et une partie du circuit d'eau secondaire ;
- --> le bâtiment combustible : collé au bâtiment réacteur, il sert de stockage des assemblages du combustible nucléaire avant, pendant les arrêts de tranche et pour le refroidissement du combustible déchargé (un tiers du combustible est remplacé tous les 12 à 18 mois). Le combustible est maintenu immergé dans des piscines dont l'eau sert d'écran radiologique ;
- --> le bâtiment salle des machines, qui contient principalement :
- une ligne d'arbre comprenant les différents étages de la turbine à vapeur et l'alternateur (groupe turbo-alternateur),
- le condenseur, suivi de turbopompes alimentaires (fonctionnement normal, de secours) ;
- --> les locaux périphériques d'exploitation (salle de commande…) ;
- des bâtiments annexes qui contiennent notamment des installations diverses de circuits auxiliaires nécessaires au fonctionnement du réacteur nucléaire et à la maintenance, les tableaux électriques alimentant tous les auxiliaires et générateurs Diesel de secours ;
- --> une station de pompage pour les tranches dont le refroidissement utilise l'eau de mer, de fleuve ou de rivière, et éventuellement une tour aéroréfrigérante (la partie la plus visible d’une centrale nucléaire ; hauteur de 28 m pour la CNPE de Chinon, jusqu'à 178 m pour la CNPE de Civaux). Cette tour canalise les vapeurs de condensation des échangeurs situés en son sein, et ne constitue pas une source de rejets polluants.
Les autres installations de la centrale électrique comprennent :
- --> un ou plusieurs postes électriques permettant la connexion au réseau électrique par l'intermédiaire d'une ou plusieurs lignes à haute tension, ainsi qu'une interconnexion limitée entre tranches ;
- les bâtiments technique et administratif, un magasin général…
Fonctionnement technique
Réacteur à eau bouillante : 1) barre d'arrêt d'urgence 2) barre de contrôle 3) assemblage combustible 4) protection biologique 5) sortie de vapeur 6) entrée de l'eau 7) protection thermique |
Une centrale nucléaire a le même fonctionnement qu'une chaudière. Un combustible (en l'occurrence nucléaire) permet de créer de la chaleur. Cette chaleur permet au travers d'un échangeur de transformer de l'eau en vapeur, qui accélérée entraînera mécaniquement une turbine. Cette turbine entraînera à son tour un alternateur qui produira l'électricité. La production de chaleur est obtenue dans le réacteur. L'échangeur porte le nom de « générateur de vapeur » (GV).
La différence essentielle entre une centrale nucléaire et une centrale thermique classique est matérialisée par le remplacement d'un ensemble de chaudières consommant des combustibles fossiles par des réacteurs nucléaires.
Pour récupérer de l'énergie mécanique à partir de chaleur, il est nécessaire de disposer d'un circuit thermodynamique : une source chaude, une circulation et une source froide. Dans une centrale nucléaire, ce circuit est forcé (car utilisation de pompes). Pour simplifier :
- --> pour un réacteur de type REP (Réacteur à eau pressurisée), la source chaude est fournie par l'eau du circuit primaire, à la température moyenne de 306 °C (286 °C en entrée et 323 °C en sortie de réacteur, cette dernière variant selon la puissance de la tranche) ;
- la source froide du circuit de refroidissement peut être fournie par pompage d'eau de mer ou de fleuve (le système est parfois complété d'une tour aéroréfrigérante).
Ainsi, une tranche nucléaire de type REP comporte trois circuits d'eau importants indépendants, détaillés ci-après.
Circuit primaire fermé
Le circuit primaire se situe dans une enceinte de confinement. Il est constitué d'un réacteur intégrant des grappes de contrôle et le combustible, et, suivant le type de tranche, de 3 ou 4 GV associés respectivement à une pompe primaire centrifuge (une par GV ; masse de 90 t environ), un pressuriseur (comprenant des gaines chauffantes) assurant le maintien de la pression du circuit à 155 bar. Il véhicule, en circuit fermé, de l'eau liquide sous pression qui extrait les calories du combustible pour les transporter aux GV (rôle de fluide caloporteur). L'eau du circuit primaire a aussi comme utilité la modération des neutrons (rôle de modérateur) issus de la fission nucléaire. La thermalisation des neutrons les ralentit pour leur permettre d'interagir avec les atomes d'uranium 235 et déclencher la fission de leur noyau. Par ailleurs, l'eau procure un effet stabilisateur au réacteur : si la réaction s'emballait, la température du combustible et de l'eau augmenterait. Cela provoquerait d'une part, une absorption des neutrons par le combustible (effet combustible) et d'autre part une modération moindre de l'eau (effet modérateur). Le cumul de ces deux effets est dit « effet puissance » : l'augmentation de ce terme provoquerait l'étouffement de la réaction d'elle-même, c'est un effet auto-stabilisant.
Circuit secondaire fermé
Le circuit d'eau secondaire se décompose en deux parties :
- --> entre le condenseur et les GV, l'eau reste sous forme liquide : c'est l'alimentation des GV ; des turbopompes alimentaires permettent d'élever la pression de cette eau, et des échangeurs de chaleur en élèvent la température (60 bar et 220 °C) ;
- cette eau se vaporise dans 3 ou 4 GV (suivant le type de tranche, 900 ou 1 300 / 1 450 MW) et les tuyauteries de vapeur alimentent successivement les étages de la turbine disposés sur une même ligne d'arbre. La vapeur acquiert une grande vitesse lors de sa détente permettant ainsi d'entraîner les roues à aubages de la turbine.
Celle-ci est composée de plusieurs étages séparés et comportant
chacun de nombreuses roues de diamètre différent. Dans un premier temps,
la vapeur subit une première détente dans un corps haute pression (HP,
de 55 à 11 bar), puis elle est récupérée,
séchée et surchauffée pour subir une seconde détente dans les trois
corps basse pression (BP, de 11 à 0,05 bar). On utilise les corps BP dans le but d'augmenter le rendement du cycle thermohydraulique.
La sortie du dernier étage de la turbine donne directement sur le
condenseur, un échangeur de chaleur dont la pression est maintenue à
environ 50 mbar absolu (vide) par la température de l'eau du circuit de refroidissement (selon la courbe de saturation eau/vapeur). Des pompes à vide
extraient les gaz incondensables en phase gaz du mélange
(principalement l'oxygène moléculaire et le diazote). L'eau condensée
dans cet appareil est réutilisée pour réalimenter les GV.
Circuit de refroidissement semi-ouvert
Ce circuit assure le refroidissement du condenseur. L'eau de refroidissement est échangée directement avec la mer, un fleuve ou une rivière, par l'intermédiaire de pompes de circulation. Pour ces deux derniers cas, l'eau peut être refroidie par un courant d'air dans une tour aéroréfrigérante d'où une petite partie (environ 0,75 m3⋅s-1 soit 1,7 litre par kWh produit) de l'eau s'évapore puis se condense sous forme du panache blanc de vapeur d'eau.
Production d’électricité / Évacuation d’énergie
L'énergie mécanique produite par la turbine sert à entraîner l'alternateur (rotor d'une masse d'environ 150 t) qui la convertit en énergie électrique, celle-ci étant véhiculée par le réseau électrique.
Lorsque la tranche nucléaire débite de la puissance électrique sur
le réseau, on dit qu'elle est « couplée » au réseau.
La perte du réseau, par exemple à la suite d'un incident,
entraîne la déconnexion de l'alternateur au réseau et nécessite une
réduction immédiate de l'alimentation en vapeur de la turbine par
ouverture de vannes
de by-pass vers le condenseur disposées sur les tuyauteries de vapeur,
faute de quoi sa vitesse de rotation augmenterait jusqu'à son
déclenchement (protection visant à éviter sa destruction). La tranche
reste alors en service à faible puissance : le groupe turboalternateur
(turbine + alternateur) est en rotation et reste prêt au recouplage
immédiat sur le réseau. La tranche est alors « ilotée » : elle alimente
elle-même ses auxiliaires.